Vers une plateformisation de la recherche économique

Anne-Claire Bennevault pour Mindfintech le 26 avril 2021

Le monde de la recherche, qu’il s’agisse de recherche économique ou d’analyse financière, a connu plusieurs bouleversements ces dernières années.

L’introduction de la directive européenne MiFiD II, à partir de 2018, a fragilisé l’analyse financière. Comme souvent, les intentions louables induisent des effets pervers. A l’origine, l’objectif était de dissocier le financement de la recherche de l’exécution d’ordres afin de prévenir tout conflit d’intérêts. Malheureusement, MiFiD II a aussi fragilisé au passage toute l’industrie de l’analyse financière. La recherche pour les petites et moyennes valeurs a quasiment disparu. Les petites boutiques ne faisant que de la recherche font face à d’importantes difficultés financières.

La recherche économique n’est pas en reste. Les crises et le développement d’internet ont favorisé le développement ces dernières années d’une quantité incroyable de recherche économique en accès libre. Des sites, comme Zerohedge (bien qu’il soit souvent critiqué pour présenter une recherche dite « contrariante »), sont apparus et devenus des sources inépuisables d’accès à la recherche économique. Twitter est aussi, à son niveau, devenu un relais de savoir en mettant en relation directe des sachant et des non-sachants.

A condition de suivre les bonnes personnes. La recherche institutionnelle, par exemple celle de la Banque de France, est aussi devenue plus accessible au grand public avec le lancement d’un blog très pédagogique alimenté régulièrement par ses économistes. Pourquoi aujourd’hui payer pour de la recherche ? Est-ce que le tout-gratuit va l’emporter comme c’est déjà le cas dans d’autres secteurs d’activité, tel celui de l’information en continue ? Est-ce que les bureaux de recherche vont connaître les mêmes difficultés de business model que les grands acteurs de la presse ?

Pas nécessairement. Le futur de la recherche économique va passer par la capacité à sélectionner et mettre en relation via une plateforme digitale des experts de tout domaine, au niveau mondial, qui soient en mesure d’apporter rapidement des réponses sur-mesure aux clients. Il s’agit à la fois de servir les grands acteurs institutionnels mais aussi toutes les maisons de gestion de taille plus modeste qui ne peuvent pas l’internaliser du fait de contraintes financières. Ce réseau d’experts permettra de couvrir non pas 60 % ou 70 % du marché et de l’économie mondiale mais sa quasi-intégralité. Comment va se passer la restructuration de la dette libanaise ? Besoin d’expertise sur le Vietnam ?

L’enjeu est bien d’avoir accès au bon savoir au bon moment. Cette approche différenciante permettra de répondre aux besoins ponctuels des clients et de couvrir des zones géographiques ou des pans du marché habituellement négligés.. En complément évidemment d’une approche plus classique consistant à couvrir les grandes valeurs et les grandes zones géographiques. La collaboration et l’agilité, qui définissent à bien des égards notre époque, doivent aussi s’appliquer à la recherche économique et à l’analyse financière.


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