Connaissez-vous les finfluenceurs, les influencers financiers sur les réseaux sociaux ?

Sur les réseaux sociaux, de plus en plus de jeunes investisseurs sont conseillés par des finfluenceurs ou influenceurs de la finance qui les accompagnent dans la gestion de leur argent. En s’intéressant à ce nouveau phénomène, Anne-Claire Bennevault, fondatrice de BNVLT.com et SPAK.fr incite à mieux encadrer cette activité :

Il y a quinze ou vingt ans de cela, les apprentis financiers lisaient le Wall Street Journal, les analyses d’Henry Kaufman et suivaient de près les interventions de Ray Dalio et les master class de Warren Buffet. Ces gourous de la finance continuent d’avoir une audience très large, mais ils sont désormais concurrencés par de nouveaux arrivants qui ont bien compris l’usage qu’ils peuvent faire des réseaux sociaux.

Si vous avez plus de 35 ans, il est probable que vous ne les connaissiez pas. Ils s’appellent Alessio Rastani, Robert Breedlove, Dan de Chartguys ou encore Krown’s crypto cave. Ils sévissent sur YouTube, Twitter, Instagram ou encore Tiktok. Ces « finfluenceurs » vous accompagnent dans la gestion de vos finances personnelles et, parfois même, dans votre initiation à l’investissement sur les marchés financiers. Ils ont généralement une spécialité : l’analyse technique, le marché actions ou encore les crypto-actifs. Leur audience ne fait que grandir.

Un niveau d’éducation financière beaucoup trop faible en France

Le dernier sondage Audirep pour la Banque de France, en date de juillet 2020, a souligne que les Français sont 52% à s’intéresser à l’actualité et aux sujets financiers mais sont pénalisés par des lacunes importantes dans leur éducation financière. 

Une autre étude produite par Allianz fin 2020 sur la culture financière et la culture du risque dans plusieurs pays (France, Allemagne, Autriche, Suisse, Italie, Espagne et États-Unis) montre que nous avons de très loin le niveau de culture financière le plus faible : seuls 19,2 % des Français interrogés ont un niveau de connaissances financières suffisant, c’est le taux le plus bas après l’Espagne avec 22,1%.

Encore plus inquiétant : les femmes sont très loin derrière les hommes avec 16% d’écart négatif. Et, sans surprise, ce sont les CSP les plus basses qui souffrent le plus de manque de culture financière.

L’essor des finfluenceurs est donc a priori une bonne nouvelle.

Les finfluencers contribuent à démocratiser les questions de finance personnelle et rendent accessible les sujets plus complexes, comme les crypto-actifs. Alors que les grands établissements financiers peinent à s’adresser aux 18-35 ans, les finfluenceurs ont réussi à capter leur attention en proposant un contenu parfaitement adapté – souvent court, toujours dynamique et généralement dénué de jargon financier – et en utilisant les canaux d’information auxquels ils ont le plus recours à savoir les réseaux sociaux.

Aux États-Unis, 41 % de ceux appartenant à la Génération Z (ceux nés après 1995) ont déclaré avoir eu recours à Tiktok pour accéder à de l’information financière au cours du mois de décembre 2020, selon une étude publiée par Lending Tree en janvier 2021. Les jeunes plébiscitent les réseaux sociaux, car ils en maîtrisent les codes, et y trouvent des interlocuteurs qui savent s’adresser à eux simplement et sans jugement.

Finfluencers une activité qui n’est pas (encore ?) encadrée

Les finfluenceurs sont souvent talentueux, beaucoup sont des autodidactes qui savent très bien monétiser leur audience. Mais tous ne sont pas fiables. Certains ne mettent pas en garde contre les risques inhérents aux investissements financiers. 

On touche ici aux limites de la démocratisation de l’éducation financière via les plateformes, hors de toute régulation. On ne s’improvise pas conseiller en investissement financier, métier strictement réglementé. La condamnation de la vedette de la téléréalité Nabilla à une amende de 20.000 euros pour avoir fait la promotion de services boursiers sur Snapchat sans mentionner qu’elle était rémunérée pour cela en est le parfait exemple récent.

Les plateformes ont commencé à prendre leur responsabilité en émettant des mises en garde et en allant parfois jusqu’à bannir certains finfluenceurs peu scrupuleux et revoir leurs conditions d’utilisation. Tiktok a récemment mis à jour ses conditions pour interdire à ses utilisateurs de faire de la publicité pour des services financiers sur sa plateforme et Google a annoncé des mesures. Il devient urgent que l’Autorité des marchés financiers (AMF) se penche de plus près sur le sujet. Selon une étude réalisée par Diplomeo 73 % des 16/25 ans s’informent sur les « réseaux » Instagram, Twitter et Facebook en tête. 

Pourquoi la question de l’éducation financière est-elle si importante ?

La question de l’éducation financière en France est un enjeu de société. Le fossé entre les « éduqués » et les « non éduqués » en matière de finance et d’économie doit être réduit . Si on ne trouve pas des moyens pour investir dans une éducation financière adaptée au grand public, on prend le risque assumé d’une augmentation du désintérêt avec tous les risques que cela présente : mauvaises décisions d’investissement, investissements perçus comme réservés à l’élite voire, une frustration liée à l’incompréhension des décisions économiques accompagnée du danger de la récupération et de la désinformation.

Développer l’éducation financière, c’est aussi se prémunir contre les arnaques

L’essor des réseaux sociaux a ouvert la porte aux les arnaques financières. Les moins éduqués financièrement sont des cibles idéales pour des organisations peu scrupuleuses qui profitent de leur intérêt pour l’argent supposé facile et les cryptomonnaies. Il est donc important de bien éduquer toute la famille, car il semble qu’on ne puisse plus vraiment compter sur les institutions financières chargées de la réglementation, de l’information et des sanctions. Ces dernières semblent en effet impuissantes face à ces arnaques qui se démultiplient. Peut être par manque de moyens financiers et d’expertise ?

Des pistes pour une meilleure éducation financière ?

Il y a une demande de la part des Français : une étude menée par Audirep pour la Banque de France ayant pour thème l’éducation financière des Français montre que 84% des répondants pensent que l’éducation financière et budgétaire devrait être enseignée à l’école. De notre côté nous y contribuons avec l’édition de videos et d’une newsletter gratuite qui parle de l’actualité économique et décrypte les concepts associés sur un ton décalé et pédagogique.


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